Trent, fidèle compagnon du sergent, prit alors la parole:
« Chers amis merci à tous d’être venus pour ce moment si difficile.
C’est toujours dans ce genre de moments tragiques que nous prenons le temps de nous retrouver et c’est bien triste.
Je profite de cette occasion pour vous dire que le rustique était prévoyant.
Il n’imaginait pas mourir dans de telles circonstances mais se doutait bien qu’une balle perdue pouvait écourter sa douce existence.
Trent sortit de sa poche intérieure une enveloppe portant un seau décacheté portant le seau d’une tête de chèvre.
Aussi, il avait rédigé une sorte de testament...En tout cas une liste de dons à certains d’entre vous.
Je me permets de profiter de l’occasion pour vous la livrer car je ne suis pas certain d’avoir une autre occasion de vous recroiser bientôt.
« Cher Trent,
J’te laisse cette lettre pi j’espère qu’tu pourras donner queques uns d’mes objets fétiches ô mes camarades rustiques et les aut’ aussi.
Si tu lis ces queques mots c’est bin qu’j’ô possé l’arme à gauche.
Ce dont j’doute point c’est qu’ce s’rô surement sabre au clair en train d’charger l’un d’ces satanés gris.
Prends bin soin d’toé pi on on s’retrouv’rô sûrement là-haut ou bin ailleurs!
-Au Possom,chef parmi les chefs, j’y donne mon sabre! J’sais que l’sien l’était très maniab’ durant la dernière guerre mais j’ô l’impression qu’il ô un peu rouillé avec ces années a rien faire.
-Au Barbatus, j’y donne ma trousse d’soins que j’sais qu’il en f’rô bon usage!
-Au pucho, j’y donne mon cal’pin où c’est qu’j’ô écrit tout c’qui m’passait dans lô cabôche que parfoé c’est philo... phili ... c’est sacrément môlin!
-Au geoff j’y donne mô plus vieille bouteille de lait d’chèv’ fermenté. Qu’j’espère qui comprendra un jour qu’est-ce que c’est lô vraie boisson des bonhommes .
-Au Stan Douglas, j’y donne une brique qu’j’ô ramassé au fortin de Troyes. Sacrée défense qu’on ô fait lô bas!
-Au Durango pi au WJD (que j’sais jamais écrire son nom), j’leur donne un morceau d’lô tunique du Salamander. Ils pourront s’lô disputer.
-Au Choukanov, j’y donne ma carabistouille. Qu’elle lui reniflera l’cul pi qu’çô y rappell’ra sô jeunesse crenom!
-Pi au Rijsel j’y donne l’fruit préféré d’sô compagnie.
Trent sortit un melon d’une boîte sur laquelle il était inscrit « We are fuckin’ Bastards ». Il se tourna vers Rocco.
« Tenez! En tant que diplomate, vous le méritez amplement ».