A la croisée des chemins

Trop tard! Il était certes arrivé...oui...mais trop tard!

Enfin...suffisamment tard pour ne voir de la bataille que ses camarades revenant précipitamment de la zone d'affrontement, le regard toujours incrédule et les uniformes éventrés, bariolés de couleurs sombres mixant crasse, poussière et sang.

Il avait entendu dire que l'affrontement avait été d'une extrême violence. Mais de son analyse, pour parler d'affrontement, il fallait être deux. Dans le cas présent, les mots qui lui venaient à l'esprit étaient bien différents: déculotté, baffe vigoureuse, massacre...
Même Tara qui d'habitude était si prompte à dégainer une blague potache gardait le silence et essayait de se rendre utile.
L'AVN s'était parfaitement ressaisi! Quant à eux, ils avaient été aveuglés par leur orgueil une fois de plus et cela venait de se payer cash. Pourquoi ne pas avoir achevé Jeb... Pourquoi ne pas avoir créé deux groupes pour partir en chasse au plus tôt...

Une foule de question se précipitaient dans sa tête quand un étrange message lui parvint par le biais d'un des cavaliers blessé qu'il croisa. Il n'avait même pas besoin de regarder la signature qu'il en connaissait déjà l'origine. Les FT avaient leur façon bien à eux de faire passer à n'importe qui des messages.

Quelques heures plus tard, le crépuscule se levait avec son cortège de bruits sauvages. A en juger par les traces de sabots au sol et les douilles qui trainaient ça et là, il ne devait pas être très loin de l'endroit ou avait eu lieu le bain de sang. Après un passage assez rapide dans un sous-bois, il arriva à l'orée d'une clairière un peu à l'écart des passages habituels dans ce secteur.
Il ne voyait pas grand chose...mais entendait des bruits d'éperons de l'autre coté, sans distinguer pour autant de silhouettes.
Pied à terre, il allait sortir à découvert quand Tara le retint par le bras. Son visage habituellement effronté et provoquant semblait cette fois inquiet et mal-assuré.

- Tu es sûr que tu veux y aller?

Burt hésita un peu, le regard dans le vague.

- Henri ne devrait pas tarder. Attend le là. Et garde un oeil sur nos "amis".

Il dégagea ensuite son bras et entra dans la clairière en tenant son cheval par la bride.
Même s'il se doutait de qui l'attendait en face, il hésitait. D'un geste rapide, il entre'ouvrit sa vareuse pour dégager son colt...au cas ou. Le geste le fit rire intérieurement car il savait que si cela devait mal tourner...il n'aurait pas le temps de le toucher.

Amis, Ennemis ou simple indifférence ?
Qu'avait fait les derniers mois écoulés sur leur amitié, devait il encore y croire ?
La campagne de l'est avait tressée des liens serrés entre les FT et les CAC 42 mais la suite de la guerre dans deux camps différents n'avait-elle pas effacé cette connivence ?
Cette rencontre n'allait elle pas virer à l'affrontement ?

Kelly secoua la tête, chassant ses idées noires

- "Nous y sommes, allons y ! " se  murmura t il tout bas
Et il s'avança au milieu de la clairière toujours sur ses gardes.


PS : la mention campagne de l'est fait référence à cela :
https://nordvssud-creation.forumactif.com/t744-a-lest-rien-de-nouveau

Dimanche 8 Novembre 186X - Sud du Marais Loka - Ancienne voie ferrée confédérée

Le temps est maussade sur Fairfax, l'hiver approche. La neige n'est pas encore tombée dans cette zone parsemée de forêts humides. Les feuilles mortes jonchent le sol.

Un cavalier Confédéré "302", le Sergent George Pickett d'après le registre des Armées, fonce à toute allure vers l'Ouest, poursuivi par un nuage de poussière de plus en plus grand...rapide...et proche.

Le cheval de l'Officier sudiste se cabre puis s'arrête, épuisé de cette longue et folle cavalcade.

Du nuage sortent des cavaliers de l'ombre... Noirs dans la poussière...
Un rayon de soleil traverse le ciel et illumine leurs uniformes. Ce sont des Yankees de bleu vêtus.
Ils s'approchent sabre au clair du Sudiste d'une charge multiple par le nombre de soldats concernés, mais unique tellement ils semblent synchronisés.

Les coups d'épaule et de lames s’enchaînent telle un tourbillon sur le pauvre George qui en moins de 3 minutes se retrouve au sol baignant dans son sang, hors de combat.

Des rires et des cris barbares surgissent de ces Hommes devenus incontrôlables depuis le fortin Bibe, ivres de sang et de vengeance.

- Làààà !! Regardez une piétaille !!!

Tous les regards se braquent dans la direction d'un autre confédéré tapis dans les hautes herbes et les roseaux. Cette fois c'est Leroy A. Stafford, plus connu sous le numéro 968, qui est ciblé.

A t'il une chance de s'en sortir, à pieds face à la horde furieuse ?

La réponse est "oui" ! Grâce à deux esquives, ou deux ratés selon notre camp, notre soldat pédestre parvient à se faufiler hors des cavaliers et disparaît.

Les mots fusent:

- Lâche !
- Reviens j'ai un truc à te dire !
- Ne force pas trop sur la marche tu pourrais en mourir !
- Les infanteries ça ne va pas vite  nous saurons te rattraper !

Un bivouac est improvisé, non loin des FTs. Mais ça chacun des 2 groupes le sais.....

Lundi 9 Novembre 186X - Bivouac sauvage - Sud du Marais Loka - Ancienne voie ferrée confédérée

Vers 10h, Rijsel était de corvée de garde depuis ce matin. Un petit tour autours des tentes et des chevaux... Rien à signaler...

Le groupe nordiste savait les FTs à quelques lieux en train de planifier une attaque éclaire.

Le midi, un repas rapide fût pris à base de ragoût d'on ne sait quoi avec des haricots. La digestion se faisait tranquillement.

Vers 15h, un bruit attira Rijsel. Une main sur son colt et l autre sur son sabre il devait s'attendre à tout.

Un bruit assourdissant sorti soudainement des bosquets !
C'était les FTs qui se ruaient à l'attaque !

- ALLLEEERRRRTTTTEEE !!! criait Rijsel à plein poumon

- Les FTs sont dans nos lignes !!! ALERTE GENERALE !!

Jacklegende n'avait pu se relever et se préparer que des balles le touchèrent et qu'un Irlandais FTs, Brian Murphy le décolla le tronc.
Le célèbre Lord Commandant leva son sabre et se lança lui aussi vers Jack'.
Rijsel ne perdit pas de temps à réfléchir et s'interposa in-extremis entre les deux hommes, faisant perdre force et vélocité au Lord. Mais celui-ci était tellement aguerri des combats qu'il réussit à contourner le Sergent BB pour sabrer sauvagement Jack'.

Blessé Jack tenta de reculer et de se mettre à l'abri derrière une souche. Mais immobile, ses heures étaient comptées.
David Hunter et David Stuart, deux Affranchis comme Jack', vinrent en renfort de Rijsel.
Le trio réussit à repousser l'irlandais Murphy un peu plus loin.




Mais au final Jack' fût rapatrié sous les lames du compagnon du Prêtre, Murey.

A cela s'ajouta deux autres rapatriements: ceux des russes Choukanov et Raspoutine.

Ces trois Hommes avaient sans doutes fait du tort aux FTs...

"le début de l'attaque avait été brèf et chirurgical, les FTs comme à leur a leur accoutumé avaient patiemment attendu tapis dans l ombre l ennemi en chasse en utilisant l' environnement.Alf avait toujours du mal à patienter comme cela sans fumer un peu d herbe a pipe ou se servir un peu de sa gnôle artisanale. Pres a ruer, bien arnaché sur son canasson , la main caressant frénétiquement la garde de son sabre, il avait failli a deux reprise signaler sa présence en s'impatientant et en scrutant l horizon

Soudain, le signal fut donné et l ensemble des FTs sortirent comme un seul homme à brides abattues de leurs positions et chargèrent les cibles qui avaient été définies

Le défile des charges et attaques fendait l air ambiant et les cris aux alentours des passages résonnaient dans sa tête et lui faisait monter l adrénaline comme en état de transe.  Le groupe s'était regroupé pour tenter de faire face et protéger les plus touchés deux hommes résistaient et tenaient la ligne pour murer les brèches créées par les ruades de Brian,lord et wayne

Ces actions furent certes courageuses face a la tempête qui s abattait sur eux et non moins farouche en résistance que leurs assaillants. Elle était surtout empreintes d'une colère débordante mais malheureusement pour eux cette colère fut vaine et les hommes s’efforcèrent malgré la rage des combats et les tirs qui fusaient de sauver leurs hommes en les rapatriant du mieux qu'il pouvaient en stabilisant leurs plaies profondes et sanglantes.

La bataille avait vite basculée et le reste des unionistes se retirèrent plus loin en foret afin de regrouper leurs forces et reprendre un nouveau rythme. Ces hommes avaient certes été défait mais il failait rester prudent car un ennemi acculé mais enragé était capable de puisser dans ses réserves insoupsonnées et retourner a nouveau la situation avec des troupes fraiches venant renforcer leurs positions. Cette clairière faisait peine a voir, et le groupe de FTs se replia également afin de ne pas rester a découvert, tout comme ses camarades, Alf savait très bien que l issue de nombreux combats pouvaient basculer très rapidement en leur défaveur un fois l effet de surprise terminé . il fallait a nouveau garder le contrôle des évènements et d autres informations étaient encore en attente.

Alf avait bien remarqué que certaines actions lors des combats lui avait échappé

Le regroupement effectué, il avait bien remarqué que Kelly n 'était plus la. Brian fit un petit sourire a Alf en lui tendant une bouteille de whisky.  

Tiens , bois un coup . Il ne devrait pas être long ...ou pas...

Brian sourit a nouveau, mais ce second sourire était empreins d'une certaine hésitation

La rasade de whisky lui réchauffa les entrailles mais n enleva pas pour autant le gout de poussière et de sang qui lui revenait en arrière gout...Même la viande de bison séchée n y faisait rien, rien n enlèverai décidément le goût amer du massacre de cette journée

Si seulement il pouvait fumer un peu de son herbe à pipe fraichement ramené par Lordfiendel, son camarade s'était fait envoyé lors de notre dernière halte en ville une petite besace d'herbe d'une de ses cultures favorites ... Arf ...

Alf laissa vagabonder son regard et balaya d un œil le camp improvisé pour l occasion par ses camarades. Alf s emmitoufla un peu plus dans son pardessus, le froid commençait a mordre un peu plus et le brouillard enveloppait la troupe, chacun avait ses petits gestes pour se reposer et atténuer la efforts de la journée passée. Malgré ce calme apparent,plein de questions se posaient, il était toujours sans nouvelles de son ami Buenaventura, a se qui se disait il aurait été rapatrié de cette zone par les Blue bastards. Et Kelly qui n etait toujours pas la!!! Ou trainait'il encore? Il mettait vraiment du temps à revenir  

Ces craquements l avaient fait sortir de ses propres brumes, l œil encore un peu vitreux par la fatigue, Alf débrouillonna sa barbe et porta sa vue sur le conseil qui se réunissait non loin

Les discussions étaient agitées mais totalement anaudible de sa position, Dusty ajustait son veston sombre et étreignait son ceinturon de temps en temps comme pour garder le contrôle sur le volume de sa voix et son calme. Lord commandant ,lui était comme absorbé par ses mouvements et crayonnait en faisant de minutieux mouvements sur une vieille carte positionnée sur un étui en cuir noir ciselé et marqué au fer. Wayne totalement imperceptible, écoutait ses camarades argumenter on ne sait quoi...

Une bonne heure passa, quand soudain, Wayne se leva en rajustant son chapeau. Dusty fit de même avec un  acquiescement d approbation de la tête. Lord commandant rangea sa carte et tous deux allèrent récupérer leurs affaires

Wayne se tourna vers la troupe

Allez les gars!!! On bouge ses fesses et l on décolle en silence!! On ramasse ses affaires et l on part rejoindre Kelly , je pense que nous ne tarderons pas a être attendus.

Alf se leva et tapota l 'épaule de Murey pour le réveiller, l" éclésiastique n 'était pas la . Il n'était apparemment pas le seul curieux de la bande. ou alors lui aussi était au courant de l endroit vers lequel nous allions nous diriger. Le cloisonnement des informaions faisaient la force des FTs ...mais faisait surtout rager Alf  qui était toujours le dernier au courant. Il marmonna dans barbe comme un vieux grincheux et suivi le mouvement

Le sourire un peu moqueur de Brian en voyant le regard interrogateur d "Alf et raleur lui fit comprendre que son bon vieux camarade s'était encore débrouillé pour calmer "cette vieille commère d''Alf" comme il disait en lui filant a boire et faire en sorte qu il ne pose pas encore une multitude de question....

Il ne fallu pas longtemps a cheval pour voir au loin une soutane sombre rejoindre un homme attendant on ne sait quoi aux portes d une clairière pas si inconnues elle

Mercredi 10 novembre 186X - Ehpad du Fort Midable

-Infirmière !??

…

-Infirmièèèèèère !!!!!

...

-IN-FIR-MIEEEEEEERE !!!!????

La porte s’ouvrit sèchement. Maggy, l’infirmière en chef passa la tête, irritée.

-Oh le vioc ! J’suis pas sourde hein ! Et z’êtes pas tout seul ici !? J’en ai d’autres à soigner ! Quoi? … Ne me dîtes que c’est encore pour vous torcher les fesses !?

-Je veux mon thé !!!!

-Encore ?? Ca fait déjà 6 théières que je vous apporte depuis ce matin… Va falloir attendre !

Elle claqua la porte. Choukanov allité et couvert de plaies, grognait seul dans son lit… Son plexus solaire était encore douloureux… il fallait se changer les idées, trouver une occupation. Alors il prit le livre posé sur sa table de chevet.
C’était une bible…  

D’un goût amer, il la prit et le souvenir de la terrible débâcle de l’avant veille revint à son esprit.............
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...
**Flashback 2 jours avant**

..........Il faisait tout juste nuit...Raspoutine venait de se prendre une charge de plein fouet et avait chuté de son cheval qui, apeuré, était parti au galop.
Choukanov s’était tourné nonchalamment vers lui avec son air paternaliste :

-Allons bon Raspou… Serres ton canasson quand on te charge mon p’tit !

Le jeune russe encore estomaqué et pied à terre entendit le galop d’un nouvel assaillant de l’AVN qui venait de s’élancer sur lui à pleine vitesse. Choukanov était là en coach.

-Allez hop debout mon p’tit Raspou! Genoux fléchis, travailles ton jeu de jambe, et ziouuuuup, tu l’esquives au dernier moment.

Se relevant trop tard, le jeune russe ne put esquiver les deux nouveaux coups de sabre. Vaillant, il recula avec ses dernières forces au pied de son chef.

-Trop raide Raspou ! Trop raide ! T’étais figé comme un piquet ! Rappelles toi la règle d’or : Fluide comme l’eau, touuuuujours en mouvem…….

Choukanov, trop concentré à commenter la prestation défensive de son grouillot, n’entendit pas la tornade de cavaliers déboulant du bosquet Nord Ouest. C’était les Francs Tireurs et c’était pour lui ! Expéditif et sans appel. Un chapelet de cavaliers fusant et lacérant le vieux russe avec précision. Il ne manquait plus que le coup de grâce… Voyant l’état critique du russe, La Franc Tireur Gina McGuilty siffla d’un coup sec vers le bosquet. C’était le signal pour envoyer le finisseur. Alors un cavalier en soutane chevauchant un âne fondit sur lui. Il arma son crucifix géant comme une batte de baseball et frappa le russe en plein plexus. Le vieux russe tomba inconscient, le visage en sang aux côtés de son fidèle Raspoutine qui perdit connaissance quelques secondes plus tard après une nouvelle charge d’un cavalier de l’AVN…
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Dans son lit, Choukanov envoya valdinguer la Bible à l’autre bout de la pièce. Il était fou de rage à être tombé sous les coups du Prêtre qu’il haïssait. Sa fierté en avait pris un coup. Il bouillonnait sur place. Son plexus solaire continuait de le faire souffrir comprimant sa cage thoracique, ses intestins et sa vessie pleine de thé.
Alors, il se leva, lentement, souffrant, marchant pas après pas au bout de la pièce jusqu’à la Bible gisante sur le sol qui s'était ouverte en plein milieu du Nouveau Testament.
Il fallait se détendre, relâcher la pression, il n’y avait pas 36 solutions.
Aidé des 6 théières qu’il avait bu dans la matinée, il se mit à uriner sur la Bible, visant avec précision les pages de l'Evangile selon Mathieu. Le plaisir de lâcher prise… Choukanov était en extase, riant bêtement tout seul dans sa chambre.

Alors la porte s’ouvrit, Maggy était finalement venu apporter la 7ème théière de la matinée et se figea catastrophée en découvrant le russe le pantalon baissé...

Les FT et es CAC 42 s'étaient rangés sur deux lignes parallèles, ils se tenaient face à face sans se quitter du regard. Étrangement le silence s'était fait dans la clairière,pas un bruit, pas un cri d'animal comme si le temps était suspendu.

Puis soudain, sortant de nulle part, un écureuil s'arrêta entre les lignes, regarda d'un côté, pencha la tête sur le côté, puis se tourna de l'autre côté. Il prit la noisette qu'il avait entre les pattes, la grignota 2-3 fois, puis sans se presser regagna tranquillement son arbre de l'autre côté de la clairière.

Un éclat de rire fusa, de qui venait il ? Impossible à dire mais il fut contagieux, bientôt tous, quelque soit leur compagnie,  ne purent y échapper et c'est encore les larmes aux yeux que furent échangés poignée de main et accolades entre FT et CAC 42.

Kelly se retrouva face à Burt.
- eh mais c'est notre barbu !
Burt tu as beaucoup manqué à Gina  !...

Partout ce n'était qu'exclamations de bonne humeur  et  de joie de se retrouver.